vendredi 27 mai 2011

Grands classiques revisités au 760 mm

Ayant la chance d'avoir pour quelques jours à la maison le dobson 760 mm de Guillaume Cannat, j'en ai un peu profité...


Ce fut une belle tournée des grands classiques revisités...
10h30. L'engin attend dans la cour, bien calé sur sa base, silencieux. C'est une présence. Il s'impose. Escalade du Géant. C'est un peu comme une montée dans les haubans, là haut au mat de hune... A chaque pointage, il faut préaligner l'engin avec le chercheur en bas, approcher l'escabeau au plus près, grimper et puis, viser avec le chercheur en haut près du porte oculaire. Cela fait pas mal de montées descentes, de tâtonnements. C'est un engin que l'on doit apprendre à maîtriser.
Première visée vers la plus Belle du soir, vers Saturne. Arf! Cela en est presque éblouissant! Image très fine, stable, bien découpée. Très légère turbulence, mais on s'y habitue. A 400x, cela passe. Avec l'Ethos 3,7, cela s'empâte un peu, c'est dommage.
Il y a des gens qui dissertent sur l'incapacité d'un très grand diamètre à donner de bonnes images en France. Ils invoquent une turbulence qui serait toujours trop forte pour un grand diamètre. Il parait même que le planétaire, c''est impossible avec un grand diamètre. Ah, ces Savants... Personnellement, je ne sais pas trop de quoi ils parlent...
Ici, à 400 x, c'est net, tranché, contrasté. Tout y est. Les 5 satellites, Cassini bien définie, l'ombre de l'anneau sur le globe, l'ombre du globe sur l'anneau, l'anneau de crêpe, une quasi transparence de l'anneau devant le globe, la bande équatoriale sombre sur le globe, et la tempête blanchâtre, très fin ruban sur la totalité du globe. Et puis, il y a toutes les nuances de couleurs. Tout autour de l'anneau, le globe est rosâtre, la bande vert sombre, la partie inférieure du globe est bleuâtre. La planète est au méridien, il suffit de pousser légèrement pour assurer le suivi. On y revient, encore et encore. Quelques brefs instants sont magiques.
Allons! Un tour à l'Ouest vers le Lion qui commence à plonger vers la zone polluée de la petite ville voisine. Le Trio, les 3 galaxies sont bien là, bien sur, alors qu'il m'est quasiment impossible de les voir avec le 400. M 66 montre sa belle spirale en S, les deux longs bras très bien dessinés. Comme quoi, un grand diamètre, cela transcende toutes les pollutions!
Nagler 31 sur l'amas de la Vierge. On se ballade au hasard, il y a des galaxies de partout, de gros flocons lumineux, d'autres sur la tranche, très fines, dans tous le sens, d'autres plus ponctuelles. Cela n'a rien à voir avec la visite habituelle au 400, où on aperçoit surtout des semblants de tâches floues, surtout dans ma cour. Ici, les galaxies sont bien blanches, tranchées, évidentes.
Je remonte vers la Galaxie de l'Oeil Noir. La aussi, c'est étonnant. La galaxie est énorme au Nagler 12, avec l'oeil très lumineux, et très fortement marqué de son pourtour noir. Et noir, c'est noir! Le reste donne un aspect lacté, presque palpable.
Plus haut encore, l'amas Coma au Nagler 31. Cela grouille de partout! Je rappelle que c'est depuis mon jardin, avec une assez forte pollution qui rougit un quart du ciel! Oui, bien sur, ce n'est pas noir, le fonds est grisâtre, et on se dit que ce serait mille fois mieux dans un bon ciel noir, mais quand même...
Et puis, la si belle Ngc 4565. Evanescente et si fine au 400, elle est ici bien présente, profonde, charnue même. Elle tient et dépasse même largement dans le nagler 12. Avec la bande centrale bien noire, c'est comme un bivalve très plat et allongé, avec ses deux lèvres charnues,
Un petit tour vers M3, histoire de s'en mettre plein la vue. Ah oui, bougre des dieux, cela éclabousse de partout, cela grouille, scintille. Tout est résolu. Ce n'est pas le M3 que l'on connaît, c'est tout autre chose.
Virage vers l'est, vers M13, cette fois. Et la aussi, rien n'est comme d'habitude. Il faut le Nagler 31 pour avoir l'amas et la galaxie dans le même champ. Une galaxie qui est une vraie galaxie, bien blanche et lumineuse. Pas une chose devinée dans le coin de l'oculaire. Et M13, c'est indicible... Une profusion de partout. Cela tient tout l'oculaire, dans le Nagler 12. C'est éblouissant. On ne voit plus le Y qui découpe le centre en tranches. Ah mais si, en fait le centre, ce n'est pas le centre habituel, c'est le centre du centre, et le Y est énorme, sur le pourtour, loin du centre!
Toujours les grands classiques, un peu plus bas, l'anneau de la Lyre. Le pourtour a un liseré rougeâtre. L'intérieur blanchâtre, verdâtre, et puis, il y a la centrale, pas tout à fait au centre, d'ailleurs! La centrale de M57, dans ma cour! Je l'aurai vue une fois, celle-là!
La fatigue commence à venir. Je ne sais pas trop combien d'étages j'ai grimpés, avec tous ces va et viens...
Un dernier bel objet, l'oeil de Chat à 400x. Et la aussi, rien n'est pareil... La nébuleuse est vert bleue, avec des pourtours irisés rougeâtres! Les arcs de cercles intérieurs sont bien visibles, pas seulement devinés comme au 400. Et puis, entre la nébuleuse et l'étoile voisine, il y a une nébulosité! Le morceau plus dense de la grande collerette! Je l'avais aperçue avec le 400 en montagne, à Valdrôme l'été dernier. Mais ici, nous sommes en plaine, avec un ciel pas noir du tout. Et pourtant, la nébulosité est bien présente, en vision directe!
Il est une heure du matin. J'attendrais bien la montée du Cygne, pour jouir des dentelles, ou bien que M27 passe au dessus du hangar. Je tenterais bien M51 au zénith... Mais les montées sur l'escabeau deviennent de plus en plus aléatoires... Je sens que je vais faire une bêtise. Il vaut mieux s'arrêter la.
Je remonte les roues sur la base, un coup de levier, chaque roue est insérée dans son axe, et ça y est. Il suffit de pousser l'engin entre les doubles portes de l'atelier. Il sera au chaud pour le reste de la nuit!
Il n'y a plus qu'à aller poursuivre ce trop court voyage, sur l'oreiller. Merci la nuit! Merci le ciel!

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